La petite dame en noir est douce mais elle a le propos dur. Invitée d'honneur de la 5ème édition des Entrepenariales, Laurence Parisot est venue rencontrer les entrepreneurs azuréens afin de discuter, échanger, proposer... Bref les rassurer et mettre des images sur le slogan du Medef : « l'entreprise, c'est la vie ». Pour sa première apparition sur la Côte d'Azur, Laurence Parisot a déplacé les foules. Salle comble ! A croire que tous les visiteurs du salon n'attendaient qu'elle. Telle une « rockstar », micro en main, la P.d-g de l'IFOP a exposé les grandes idées et les convictions du Medef pour redresser l'économie française.
Laurence Parisot le sait. Nous sommes dans une année de changement, peut-être de bouleversement dans la vie politique française. Celle des élections présidentielles. Et dès l'entame de son discours, elle a voulu l'expliquer à son auditoire. « Notre pays est en point d'inflexion. Nous pouvons prendre une voie qui permet de rester riche, pour bien vivre, ou risquer de passer du mauvais côté, et survivre. J'ai la crainte que la France bascule dans l'appauvrissement ! » a martelé la présidente du Medef.
« Les 35 heures sont une erreur de raisonnement »
Sans employer le terme de crise ou de marasme, Laurence Parisot a décrit, chiffres à l'appui, le déclin progressif de la France. « Dans les années 60, notre croissance était supérieure aux États-Unis et à l'Angleterre. Mais qui s'en souvient ? Fin 1970, nous étions déjà inférieur et en 1988 nettement en dessous d'eux. » Des données précises qui s'adressaient à un public averti : les chefs d'entreprise du département, très attentifs durant son intervention.
Si la « patronne des patrons » croit en l'entreprise comme indicateur de la santé d'un pays, le redressement de la France passe par une modification du contrat de travail. Baisser le chômage et favoriser le développement des entreprises font partis des engagements du Medef. « Être à 10% de chômage depuis 25 ans est anormal. L'Angleterre et l'Espagne ont réussi à le faire chuter. J'ai lancé la délibération sociale avec les syndicats. C'est pour mieux comprendre les arguments des uns et des autres. » Et pour baisser le chômage, Laurence Parisot a sa petite idée et son néologisme. « J'ai proposé la séparabilité. Il ne faut pas avoir peur d'inventer de nouveaux mots pour dire ce que l'on pense. Le chômage baisserait si c'était plus facile de se séparer de quelqu'un. L'entreprise embaucherait plus, a-t-elle développé. Il est temps de l'expliquer pour faire avancer les choses » a rajouté Laurence Parisot, sous les acclamations du public.
Pas une conférence, pas un discours, pas un débat, pas une réunion sans évoquer les 35 heures. La loi Aubry sur la réduction du temps de travail reste son thème favori et son champ de bataille prioritaire. Laurence Parisot a ses convictions et ses solutions pour ce « problème majeur de la société actuelle qui est une erreur de raisonnement ». « Plus on travaille, plus on en donne aux autres et par conséquent on crée des emplois. A l'IFOP (ndrl : son entreprise), quand je travaille dix heures au lieu de sept, je dois embaucher une nouvelle assistante. Il est prétentieux de dire que l'on peut faire en 35 heures ce que les autres font en 37 heures. »
Un modèle universitaire à refaire
La présidente du Medef a les yeux rivés sur les autres pays. Que ce soit pour le chômage, le contrat de travail ou le taux de croissance, nos voisins sont une source d'inspiration. L'université française souffre aussi de cette comparaison. Et à ce propos, Laurence Parisot ne mâche pas ses mots. « J'ai honte de l'état de nos facultés ! » Le modèle anglo-saxon semble avoir sa préférence mais la P.d-g de l'IFOP considère qu'il y a un « truc génial » à faire pour rendre nos universités plus performantes. « Je veux donner plus de moyens à l'enseignement supérieur. Il y a un besoin de réformes majeures. La France a du potentiel. Il faut donner la possibilité pour l'université de conclure des contrats avec des entreprises leur permettant de générer des ressources propres. » a recommandé Laurence Parisot. Le syndicat patronal demande des universités plus sélectives, plus autonomes et plus conscientes des besoins de l'entreprise. « Chaque fac doit pouvoir sélectionner ses étudiants comme elle l'étend par des concours, entretiens spécialisés ou tout autre méthode. »
Le Medef veut faire avancer les choses. Laurence Parisot a sa manière de voir et ses idées. Son souhait est de peser de tout son poids dans les présidentielles. Sera-t-elle écoutée ? Réponse dans quelques mois.